Petru Luhan : “Les europarlementaires roumains ont leur mot à dire”

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Écrit par Jonas Mercier

A 34 ans, il est l’un des plus jeunes députés européens, et fait partie des jeunes loups du Parti démocrate libéral (PDL, au pouvoir). Petru Luhan explique ici comment il voit les relations entre Bucarest et Bruxelles

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Lepetitjournal.com/Bucarest – Comment la Roumanie est-elle perçue depuis Bruxelles?
Petru Luhan –
La Roumanie est vue de façon bigarrée, toujours très vive. L’image et le respect vis-à-vis d’un pays dépendent des actions de chacun de ses citoyens, de la politique extérieure, mais aussi du contexte politique mondial. Et malheureusement les Roumains ont souvent été les cibles de campagnes agressives qui ont laissé des traces. Ceux qui sont partis travailler honnêtement à l’étranger ou étudier en ont fait les frais. Cela n’est pourtant pas une raison pour accumuler des frustrations ou un complexe d’infériorité. Nous sommes tout aussi capables que les Allemands ou les Britanniques et aussi susceptibles de ne pas respecter la loi que les Italiens ou les Français. Mais parfois les tensions politiques et économiques font naître en Europe des sentiments qui n’ont rien à voir ni avec les valeurs européennes, ni avec l’esprit communautaire. Les Roumains sont très appréciés pour la facilité avec laquelle ils apprennent les langues étrangères, leur sérieux et leur esprit créatif dans le travail, et surtout pour le fait qu’à la place de dire “je ne sais pas”, ils trouvent des solutions. L’adaptabilité est l’une de nos grandes qualités.

Quels ont été les progrès de la Roumanie qui ont été notamment appréciés à Bruxelles ?
Malgré un début difficile en 2007, lors de l’adhésion de notre pays à l’UE, les analyses économiques montrent une évolution. Les produits “made in Romania” sont devenus très connus sur les marchés externes et nos exportations continuent d’augmenter. L’agriculture roumaine est par ailleurs en train de redevenir ce qu’elle était avant la révolution et d’ici 2014, la Roumanie deviendra un grand exportateur d’aliments. Par ailleurs, notre taux de chômage est resté faible en comparaison à beaucoup d’autres pays européens, et notre politique fiscale est saluée par le milieu des affaires. Ce sont quelques-uns des points appréciés à Bruxelles tant par les institutionnels que par les privés.

Et les aspects qui restent, selon vous, négatifs ?
La Roumanie a encore des progrès à faire en termes de compétitivité par rapport à d’autres pays membres. Notre faible productivité est à la base de ce constat. Il faut aussi continuer d’investir dans les infrastructures de transports et ne surtout pas négliger les PME évoluant dans des secteurs où il y a la possibilité de devenir compétitif, comme l’agriculture, l’informatique et le tourisme. La Commission demande par ailleurs plus de résultats dans la lutte contre la grande corruption. Un autre bémol fait référence à la réorganisation territoriale et à la décentralisation. Ces processus mèneraient à une augmentation de la qualité des services publics et à une meilleure absorption des fonds européens.

La Roumanie réussit-elle à faire entendre sa position au Parlement européen ?
Bien sûr, nous avons notre mot à dire. De nombreux europarlementaires roumains ont été des rapporteurs au Parlement européen sur des sujets de première importance. Les groupes politiques dont nous faisons partie nous font confiance.

A la fin de votre mandat, comptez-vous retourner en Roumanie ou continuer une carrière politique internationale ?
Vous savez, la politique est conjoncturelle et je ne peux pas encore savoir ce qui va se passer d’ici 2014 (date de la prochaine élection présidentielle, ndlr). En tout cas, je n’écarte aucune de ces deux options.
Propos recueillis par Jonas Mercier (www.lepetitjournal.com/Bucarest) mercredi 28 mars 2012

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